Le concept d’économie stationnaire désigne, en économie écologique, une économie dont  les trois dimensions liées à l’impact environnemental (extraction de ressources, transformation et génération de déchets) seraient contenues dans les limites biophysiques des écosystèmes telles que comprises en écologie (Rockström et. al., 2009).

La mesure d’une économie stationnaire est le (débit), soit l'ensemble des processus allant de l’extraction d’une ressource, sa transformation et les déchets générés durant ce processus. Le débit considère l'ensemble de l'énergie dépensée dans ce processus linéraire de transformation. Une économie stationnaire se caractérise par un débit constant et contenu dans ce que les écosystèmes peuvent fournir et ce dans une perspective de justice inter-générationnelle. En effet, en puisant dans le stock de ressources naturelles non-renouvelables, les générations actuelles priveraient les générations futures de la possibilité de subvenir à leurs besoins énergétiques et en ressources dans l’avenir. En adoptant des critères biophysiques de durabilité, certaines variables économiques peuvent être modulées si elles respectent le renouvellement naturel des ressources et la capacité d'absorption des écosystèmes. Ainsi, la consommation matérielle d'une société peut croître si sa population décroît, sa population peut croître si l'empreinte écologique par habitant diminue, etc.

Le concept d’économie stationnaire cherche à dépasser celui de «développement durable» devenu pour plusieurs une démarche visant à rendre plus soutenable dans le temps la croissance économique, qui serait en fait insoutenable. En effet, une critique du concept de «développement durable» est d’être au mieux mal défini, au pire donnant lieu à des interprétations contradictoires du fait de sa définition floue et de ses propositions vagues d’articulation économie-environnement. Pour emprunter une expression polémique, certains comprennent du développement durable un modèle visant à polluer moins pour polluer plus longtemps.

Concrètement, une économie stationnaire serait une économie sans croissance de ses capacités productives et de son stock de capital physique. L’activité économique requérant nécessairement l’exploitation de ressources et d’énergie, cette exploitation serait compatible avec une définition forte de la soutenabilité écologique, c’est-à-dire un niveau constant et soutenable de «capital naturel» (biodiversité, écosystèmes, exploitation minimale des ressources non-renouvelables, etc.) Une économie stationnaire devrait répondre à deux critères : 1) une quantité de ressources (input) utilisées égale à leur capacité de renouvellement; 2) une quantité de déchets égale aux capacités d’absorption des écosystèmes.

Source

Farley, J. (2015). Steady-State Economics, in D’Alisa, G. Demaria, F. et Kallis, G., Degrowth: A Vocabulary for a New Era, New York, pp. 49-52, Routledge Editions, 249 p.
Rockström, J. (dir.) (2009). A safe operating space for humanity, Nature, 24 septembre, Volume 461, pp. 472-475

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14 janvier 2023 09:24

Modification

14 janvier 2023 09:24

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