16 arguments contre la transition

Sous le slogan « Ecologie sans transition » (aussi le titre d'un livre) voici les 16 arguments expliquant pourquoi la transition écologique est une impasse.  Résumé d'une révolution.

1. La transition écologique ne se résume pas à la seule transition énergétique, elle est aussi écologique, sociale et industrielle.

2. L’idée de transition rend opportunément le futur moins inquiétant, en laissant penser qu’une rationalité planificatrice et gestionnaire pourrait nous sauver du ravage écologique alors qu'elle a créé le contraire.

3. Depuis déjà cinquante ans, on parle de « transition », sans qu’il y en ait la moindre amorce. Au contraire, toutes les courbes vont dans le sens inverse de la transition attendue.

4. La transition est toujours rejetée dans l’avenir, et dans un avenir toujours plus lointain : d’ici 2030, d’ici 2050, d’ici 2100. La transition est intransitive : toujours en transition vers elle-même. C’est à se demander si l’idée même de transition n’a pas précisément pour fonction de différer indéfiniment toute véritable transformation écologique.

5. Pour les décideurs, une transition raisonnable est l’ouverture de nouveaux marchés écologiques contribuant à la croissance. L’écologie devra être une dernière occasion de profit.

6. L’économie est un réseau d’infrastructures et de flux dans lequel des capitaux ont été massivement investis. Ces investissements, qui demandent à être rentabilisés sous peine de crise économique, bloquent toute possibilité de transition.  L'État a seulement pour vocation de garantir et réguler l’ordre économique qui détruit activement la planète.

7. À moins d’une rupture (de stock ou obtenue par l’action politique), il n’y aura pas de sortie des énergies fossiles, car ce sont les énergies les plus fluides qui sont les plus adéquates à l’accumulation du capital.

8. Les énergies renouvelables dépendent des cycles et des contraintes naturelles, elles ne conviennent pas à une économie en croissance dont les flux doivent être stables. En outre, pour que les dispositifs de captation d’énergie renouvelable soient rentables et pour qu’ils puissent être pilotés informatiquement, il faut extraire et utiliser des métaux rares. Or l’industrie minière provoque des pollutions et inflige des conditions de vie et de travail intolérables aux populations vivant proches de ces mines. Enfin, quand les énergies renouvelables sont installées à une échelle industrielle, c’est toujours, de manière absolument anti-écologique et anti-démocratique. De sorte que, pour l’instant, ce qui est « renouvelable », c’est surtout l’exploitation des humains et des milieux vivants.

9. Un capitalisme vert fonctionnant aux énergies renouvelables suppose une société de surveillance généralisée.  Les responsables de la transition s’arrogent le droit de surveiller en temps réel la consommation de toute personne.

10. La transition ne pourra qu’être un incessant progrès dans le rationnement, les interdictions, les restrictions. En guise de société écologique, elle esquisse une société de discipline et de la surveillance, où chacun·e sera chargé·e de manager son empreinte carbone, et de surveiller mesquinement la consommation des autres.

11. Parler de transition, c’est se laisser le temps de voir le ravage écologique continuer, des milliards de personnes être exploitées, des millions d’exilé·es périr sur les routes ou dans les mers, des millions d’hectares être artificialisés et des milliers d’espèces disparaître.

12. La transition est comme une berceuse qui entretient l'espoir qu’il existe une voie du dialogue, de la coopération, où les citoyen·nes marcheraient main dans la main avec les acteurs sociaux, entrepreneurs et élus, pour changer la société. Mais il se pourrait bien qu’elle serve à contenir les peuples dans un état d’impuissance et d’inaction.

13. Il y a ce fait étrange que les personnes qui n’attendent pas la transition pour créer des mondes vivables subissent une dure répression. Comme si démontrer en acte que l’idée de transition est une coquille vide était la révélation intolérable d’un secret.

14. Le succès de l’idée de transition repose sur la peur de la guerre civile qui pourrait émerger de l’effondrement de nos sociétés. Sortir de cette fausse alternative entre transition et guerre civile, c’est se souvenir qu’il y a toujours eu d’autres voies, révolutionnaires, qui ne sont, ni plus ni moins, que des prises en main par les vivants de leurs propres destins.

15. Il serait peu avisé de continuer à espérer une transition, à l’heure où nous sommes plus que jamais dépendant·es d’un système qui s’écroule pour nous nourrir, nous vêtir, nous loger, communiquer. S’il y a une urgence, c’est celle de retrouver, sans transition, les moyens de notre subsistance à long terme : savoir-faire, techniques et puissance d’agir collective.

16. La pandémie de Covid-19 confirme que ce n’est que dans un contexte de rupture que nous pourrions mettre fin au ravage (arrêt de larges pans de l’économie, relocalisation et revalorisation des activités vitales). Elle montre à quel point il est important que ces mesures soient prises par un mouvement révolutionnaire, et non par des gouvernements au service de l’économie. Sans quoi, ces mesures ne seront que temporaires et injustes. En outre, à l’occasion de la pandémie, elles servent malheureusement d’accélérateur à un renforcement inédit du contrôle numérique et policier. La transition écologique est plus que jamais un mirage ; la rupture politique une nécessité.

Les auteurs déclarent qu'ils ne veulent plus entendre parler de transition. Qu’est advenue l’ère de l’ écologie sans transition !

https://reporterre.net/Ne-nous-parlez-plus-de-transition-ecologique?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne


Commentaire importé 

Jean-François Théberge - 16 juillet 2020 à 10:25 :
J'adore cette déclaration. En effet, la transition est un leurre. Elle repousse au futur, l'action nécessaire maintenant. Il y a eu peu de progrès réel depuis 40 ans. Tous les indicateurs sont au rouge. La révolution s'impose.

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Publication

6 juillet 2020

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5 mai 2023 11:48

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